6 QUESTIONS À...
Vous les avez peut-être croisés sur les horizons mayennais, au détour d’une rue ou d’un événement, depuis une décennie ou sur ces dernières semaines… Ils jouent sur le terrain de l’éducation populaire ou de l’éducation nationale. Ils sont acteurs de la jeunesse mayennaise, et nous avons décidé de vous les présenter. Dans notre format 6 questions à… découvrez ces professionnel.le.s, parfois dans l’ombre, qui œuvrent en Mayenne, tous animés par la même volonté : agir pour le bien-être de la jeunesse sur notre territoire.
INTERVIEW AVEC
Romain louis-honorÉ
Animateur jeunesse à l'Espace Jeunes de la communauté de communes Les Coëvrons
Animateur jeunesse de l’Espace Jeunes de Montsurs, Romain Louis-Honoré, accompagne les jeunes de 11 à 17 ans dans la Communauté de Communes des Coëvrons. Dans cet entretien “Six questions à…”, nous explorons son métier, ses actions et les défis auxquels il est confronté dans un territoire rural touché par les conséquences du COVID-19.
Mathieu Péan : Romain, vous êtes animateur jeunesse sur la communauté de communes des Coëvrons avec des jeunes de tout âge. Vous devez maîtriser un vaste panel de sujets pour toucher ce public ?
Romain Louis-Honoré : Bien… Mon métier englobe effectivement plusieurs thématiques puisque j’oriente un public âgé d’environ 11 à 17 ans, voire un peu plus parfois : ça m’arrive d’accompagner des jeunes adultes dans la recherche d’emploi, ou le permis de conduire par exemple. Et même si nous pouvons accompagner tout le monde sur des séjours ou sur des dispositifs, c’est en priorité à destination des jeunes de la commune. Mais, ce sont plus que des sujets à maîtriser, il faut, aussi, faire de l’animation pure ou du travail de partenariat. Parfois, nous avons des jeunes à accompagner hors de notre territoire ou vers des structures plus appropriées pour leur besoin. Mon travail, c’est de les orienter vers l’accompagnement le plus adéquat.
M.P : Vous semblez passionné par votre métier !
R.L-H : Oui, j’ai une fascination pour l’animation grâce à son aspect peu routinier ! Je travaille avec des partenaires ayant des fonctionnements, des valeurs et des objectifs variés. Ça peut parfois entraîner des confrontations, mais ça rend chaque année, et même chaque mois différents. L’animation offre l’occasion de tester de nouvelles idées et de découvrir de nouvelles choses. Je suis en constant apprentissage grâce aux jeunes, aux partenaires et aux associations avec lesquels je travaille. Et puis, c’est quand même chouette de faire un métier où le lundi, on se déguise en pirate sur un jeu de chasse au trésor et le mardi, on fait un bowling.
M .P : Comment avez-vous découvert ce métier ?
R.L-H : (il rit avant de répondre) Quand j’étais petit, je voulais devenir pilote de chasse dans l’armée. Finalement, je n’ai pas pu et j’ai même traversé une période de méfiance à l’égard de l’Éducation Nationale. Plus tard, j’ai passé deux semaines en tant que bénévole dans un accueil de loisirs et j’ai découvert cet univers : l’éducation populaire, le social… Ce sont des domaines qui m’attiraient. Même mon questionnaire au CIO semblait m’y tourner ! C’est ce qui m’a incité à m’inscrire en Bac Service en Milieu Rural. Avant de commencer ce cursus, j’ai eu l’occasion de travailler dans un petit centre de loisirs à Campeaux dans le Calvados. Même si je n’étais pas très doué, j’ai été bien accueilli, dans un super cadre de vie, et ça m’a vraiment plu ! Par la suite, à chaque vacances scolaires, je retournais en accueil de loisirs, et de fil en aiguille, j’ai passé le BAFA avant de trouver un emploi à temps complet à Famille Rurale. Depuis, j’ai atterri en Mayenne et j’ai découvert d’autres formes d’éducation et d’animation, des gens ayant des visions et des discours différents…
M .P : Comment gérez-vous l’animation jeunesse dans une zone rurale, où la proximité peut être difficile à maintenir ?
R.L-H : La jeunesse sur le territoire des Coëvrons vient de redémarrer après une longue pause due à la pandémie de Covid, où les structures d’accueil étaient fermées pendant deux ans. Nous avons tiré des leçons de cette situation. Aujourd’hui, nous sommes en train de reconstruire nos activités sur de nouvelles bases en montrant aux jeunes que des projets peuvent être construits, qu’ils peuvent les construire grâce aux juniors associations par exemple. Depuis environ un an, nous avons mis en place un dispositif hors les murs. Ça consiste à créer un espace jeune mobile : nous prenons l’espace jeune de Montsurs, avec du matériel informatique, des malles de jeux, du matériel de communication, et nous allons dans les communes où se trouvent les jeunes, comme les salles de sport ou les établissements scolaires. Nous intervenons également dans les écoles en allant faire de l’animation dans des petits villages comme Ville-Martin ou Blancdouet, où les déplacements peuvent être compliqués. En zone rurale, beaucoup de jeunes ne peuvent pas poursuivre les études qu’ils souhaitent ou aller ailleurs qu’au lycée du coin en raison des contraintes de déplacement. Nous voulons leur montrer que partir pour se former peut être une expérience positive. En l’absence de structures publiques sur le territoire, nous les incitons à partir pour se former dans le domaine qui les passionne !
M .P : Vous proposez plusieurs solutions pour toucher les jeunes en zone rurale. Une fois que vous avez capté le public, quelles sont les activités que vous réalisez avec eux ?
R.L-H : Bien sûr. Nous proposons des activités en fonction de nos idées et de notre inspiration. Elles peuvent avoir lieu le jour, l’après-midi ou le soir, nous ne nous interdisons rien ! Nous offrons également des activités plus ludiques comme le laser-game, le bowling, en encourageant l’utilisation de transports verts tels que le train ou le bus. Nous avons un programme sportif appelé “j’me bouge dans les Coëvrons” qui a lieu pendant les vacances scolaires et est organisé en collaboration avec le service Jeunesse et Sports de la Communauté de communes des Coëvrons et des éducateurs. Toujours en rapport avec le sport, nous partons en février à Oslo en Norvège avec un groupe de jeunes, en collaboration avec un club de handball norvégien à Lindstrom et des Espagnols de Palma de Majorque. L’idée est de montrer aux jeunes comment le jeu et les sports sont différents en fonction des cultures. Ce genre d’expérience nous montre à quel point notre travail est gratifiant et les opportunités qu’il offre ! Parfois, nous abordons des sujets sociaux tels que la sexualité ou l’utilisation des réseaux sociaux. Nous avons un lieu physique à Montsurs où nous accueillons les jeunes et nous leur offrons de l’animation et un accompagnement personnalisé. Il est important d’être là au quotidien, pas seulement lors de projets à court-terme. Il faut trouver un équilibre entre l’action quotidienne et les projets phares, comme la semaine de la sexualité ou la semaine de l’olympisme. Personnellement, ma priorité reste l’action quotidienne.
M .P : Dans le cadre de votre métier et des activités que vous mettez en place au quotidien, que souhaitez-vous transmettre à ses jeunes ?
R.L-H : Mon objectif est d’encourager les jeunes à ne pas limiter leur potentiel et leurs rêves, même dans un contexte difficile. Avec mes collègues Aurélien, éducateur sportif, et Manon en formation CPJEPS, nous voulons les aider à comprendre qu’ils ne doivent pas se priver de réaliser des projets, même s’ils semblent lointains. Nous souhaitons les encourager, les rassurer et leur faire comprendre que faire des erreurs fait partie de la vie. C’est pourquoi l’animation et l’accompagnement quotidiens sont si importants pour nous, nous voulons leur montrer que nous sommes là pour les soutenir. Il ne faut pas s’interdire de rêver !
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